Pour visiter l’église Saint-Martin de Chevreuse, laissez-vous porter par la symbolique des lieux en revivant, avec un des paroissiens, le parcours du chrétien de sa naissance à sa mort, jusqu’à la vie éternelle.
La porte principale (porte ouest), est celle que franchissent les personnes qui demandent le baptême (les catéchumènes). Ce portail, qui vient sans doute de l’abbaye de Port-Royal, détruite en 1712 par Louis XIV, marque aussi bien l’entrée dans l’église, lieu de recueillement, que dans l’Eglise, communauté des chrétiens.
Dans le coin gauche de l’église, après la porte principale, se trouvent justement les fonts baptismaux dont la forme octogonale symbolise la résurrection sous le regard bienveillant du Christ prenant « Le repas chez Simon » (tableau de Restout de 1741).
Le nouveau chrétien rejoint alors la nef, lieu de rassemblement du peuple de Dieu.
La partie centrale, romane, datant des Xe et XIe siècles fut agrandie au XIIe d’un clocher et de bas-côtés gothiques. Asseyez-vous un instant, le regard orienté vers l’Est et le soleil levant, symbole de Jésus ressuscité. On interprète souvent l’inclinaison de l’axe du chœur comme un rappel de la tête penchée de Jésus sur la croix, même si la topographie du terrain y est certainement pour beaucoup ! Face à vous le chœur où ne subsistent que cinq stalles sur la trentaine qui existaient au XVIIIe siècle, copies de celles des Vaux-de-Cernay.
Imaginez alors l’orgue Clicquot de 1732, situé sur la tribune derrière vous et transformé en orgue romantique au XIXe siècle répondre au chant du clergé pendant les offices.
Si la nef et le transept donnent à l’église une forme de croix, le chœur représente alors la tête du Christ. Engagez-vous sur la gauche dans le déambulatoire qui vous donne à rencontrer les grands saints de l’Eglise entourant ce chœur comme pour le couronner. Première parmi les saintes, voyez la Vierge Marie donnant le rosaire à Saint Dominique et Sainte Catherine de Sienne (tableau).
Poursuivez jusqu’au vitrail représentant Saint Martin (+395), patron de notre église, tranchant son manteau pour en donner la moitié à un pauvre tandis qu’il était encore légionnaire. Dans la nuit suivante, le Christ lui apparut portant ce même manteau ! Tout l’évangile en un seul vitrail.. Après son élection comme évêque de Tours, Martin devint le grand missionnaire des campagnes et le créateur des paroisses rurales.
Sur le vitrail du centre, Marie, Jean et Marie-Madeleine, à qui était dédiée la chapelle du château de Chevreuse, assistent à la crucifixion. Le Christ en croix domine le soleil et la lune, nous montrant que cet événement transcende le temps. Vous pouvez remarquer les armes de Charles de Guise, cardinal de Lorraine, qui acheta Chevreuse en 1555. Ce vitrail est donc daté du XVIe siècle tandis que ses deux voisins sont plus tardifs (XVIIe).
Si vous vous tournez vers la droite, vous pourrez observer l’archange Gabriel annonçant à Marie qu’elle va donner naissance au Fils de Dieu.
Un peu plus loin en revenant vers la nef, le tableau de « La Sainte conversation » de Palma Vecchio vous montre Marie et l’Enfant Jésus entourés de saints.
Vous reconnaîtrez sans doute également sur le tableau de l’Assomption de la Vierge le paysage de la vallée de Chevreuse couronnée par son château.
Intéressons-nous maintenant au chœur, lieu où se déroule le mystère sacré de l’eucharistie : le Fils éternel du Père s’est fait homme : c’est Jésus, mort et ressuscité pour nous comme le rappelle la croix glorieuse du XVIe qui surplombe l’autel.
Cette croix trouve son prolongement dans celle qui domine l’autel tabernacle du fond de l’église. Elle rappelle qu’à chaque messe, le sacrifice du Christ est renouvelé quand le pain et le vin sont transformés en son Corps et en son Sang. Lorsque le tabernacle abrite des hosties consacrées, une petite lampe rouge est allumée pour signaler à tous la présence réelle de Jésus. La représentation du Christ montrant son cœur sur la porte du tabernacle nous rappelle à l’essentiel.
Par la communion, le chrétien reçoit les grâces du sacrifice de Celui qui était innocent entre tous, Jésus l’agneau de Dieu dont le symbole orne l’ancien maître-autel baroque du XVIIIe. Ces grâces associent le communiant au mystère de la Résurrection, qui le fait passer d’une vie mortelle et imparfaite, symbolisée par les six colonnes du chœur (chiffre de l’homme), à la vie éternelle symbolisée par les huit arches (chiffre de la Résurrection) qui les surplombent. Imprégnés de ce mystère, levez les yeux vers les six stucs, peints par Charles de Coubertin en 1857, qui recouvrent le chœur. Suivez maintenant du regard les végétaux qui vous entraînent vers la voûte céleste peinte en bleu. Nous y voyons les grands saints patrons de notre vallée : Lubin, Madeleine, Gilles et Martin, peints par Charles de Coubertin, ainsi que la Vierge et le Christ. Cette évocation de ce qui nous attend après la mort trouve un écho dans le tableau du pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle, peint par Dumoulin, élève d’Ingres (1836), et situé à droite de la nef (près de la porte d’entrée de côté). Celui-ci nous rappelle notre condition de mortel en simple pèlerinage sur la terre.
En quittant notre église, jetez un dernier regard à son clocher détruit en 1309 par un ouragan et reconstruit au XVIIe siècle. Par sa base carrée (quatre est le chiffre de la terre) et sa flèche octogonale (chiffre de la résurrection) datant du XIXe siècle, il figure la foi des chrétiens s’élevant vers le Ciel. Que son souvenir vous accompagne et que Dieu vous bénisse tandis que vous parcourez notre si belle vallée !
(Feuillets église SB HB EPVC)
Photos HB, F.Genestoux, popgouv 23.3.20